Kalder 1 en Nuvan, cycle de Nasvar, 1216
Caresse légère.
La brise tourne autour de l’enfant, joue avec ses cheveux et ses doigts avant de s’éloigner dans un tournoiement envoûtant.
” Attends-moi ! S’exclame-t-elle.
“D’un pas aérien, la fille du vent s’élance à sa suite. Agile et volubile, ses pieds nus tracent son chemin sans qu’elle n’ait à y réfléchir. L’un se pose en souplesse sur une rambarde délabrée, l’autre s’élance dans le vide et atterrit avec délicatesse sur un mur délavé. Ils tournent et pivotent, elle rit et sourit, ils virevoltent et vivent.
Harmonie parfaite et liberté de l'être.
Les jeux du matin sont ses préférés.
À la lumière naissante de l’astre du jour, là où les couleurs et les sens s’éveillent, l’enfant, elle, s’émerveille. Les doigts fins du vent ont joué avec les nuages, formant une toile aux motifs délicats que le soleil s’approprie avec génie. Ambre et camélia, rose et lila, les teintes se mélangent et s’accordent, se lient et se délient, peignant une fresque sublime devant laquelle notre jeune enfant reste ébahie.
Mais elle se voit soudainement forcer de sortir de sa contemplation. Par manque d’attention, elle trébuche, perd de vue la beauté de la vie pour voir celle du sol se rapprocher avec rapidité. Et, autant par réflexe que par habitude, elle rentre la tête, place son épaule en avant. Sa réception dans une
roulade, bien que précipitée, reste fluide et harmonieuse. Jusqu’à ce que sa tête se fasse stopper nette par le mur de terre qui se dresse avec impétuosité devant elle.
” Aïeuuuh, lâche l’enfant en se frottant le front d’un air déconfit.
Quelle idée de mettre un mur ici ! “S’accrochant d’une main ferme à son agresseur, la fille du vent se relève avec rapidité. Trop de rapidité. La tête lui tourne, et le monde avec elle. Elle manque de tomber en arrière, puis en avant, mais se stabilise finalement en réajustant sa position, se campant fermement sur ses deux pieds pour attendre patiemment la fin de son vertige. La sensation de chute lui retourne l’estomac et lui chatouille le ventre. Aussi soudainement qu’un coup de vent fait claquer une porte, elle rit aux éclats. Quelle drôle d’idée que de venir lui chatouiller les entrailles !
En contrebas, un bruit interrompt son hilarité. La jeune fille se penche avec curiosité par-dessus le toit pour en chercher l’origine. D’un œil perçant, elle scrute la ruelle encore restée à l’ombre du jour. Là, sur les marches d’un escalier, une enfant est assise et pleure à chaudes larmes. Sans même y réfléchir, la fille du vent crochète le muret et s’élance dans le vide. Le vent l’accueille, glisse avec elle le long de la paroi et tourbillonne avec le même plaisir qu’elle éprouve tandis qu’elle défit, encore une fois, la pesanteur.
Elle se réceptionne souplement et silencieusement sur la terre sèche du désert, poussiéreuse et agréable pour ses pieds. Le vent la précède alors, se faufilant dans la ruelle pour venir caresser avec douceur le visage de l’enfant en pleur. La fille du vent le suit, s’approchant avec délicatesse pour s'accroupir à sa hauteur.
” Pourquoi es-tu triste ? Demande-t-elle simplement, ses yeux pétillants face à la détresse sensible de l’enfant.
“
