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 Brouillard et poussière [Azhek]

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Yuräh Khadra'aris
Inventaire : - Un bâton gravé.
- Une dague effilée.
- Quelques dagues de jet.
- Une bourse en cuir contenant quelques écales.
- Une cape à capuche pour se protéger des tempêtes.
- Un long-coureur nommé Anar.
Messages : 13
Date d'inscription : 11/10/2016
Age : 26
Yuräh Khadra'aris

MessageSujet: Brouillard et poussière [Azhek]   Brouillard et poussière [Azhek] EmptyDim 13 Nov - 19:54






Brouillard et poussière

Kalder 2 en Nuvan, cycle de Nasvar, 1216


La nuit était tombée depuis quelques heures à présent, engloutissant le désert dans ses ténèbres.
Lentement, chacun regagna son habitation de fortune. Les derniers stands d’Alënor furent pliés, et bientôt la ville plongea dans un silence reposant, au beau milieu de la noirceur de la nuit.
Ça et là, cependant, il arrivait de croiser encore quelques habitants, certains oiseaux de nuit, noctambules, d’autres remplissant simplement leur job nocturne. Mais la plupart ne traînaient pas : tous savaient que le froid tombait vite sur Naäksyr. Si les journées étaient particulièrement chaudes et étouffantes, il en était autrement la nuit.

Entre les habitations, se faufilait la silhouette de la jeune fille. Elle essayait de se faire la plus discrète possible, naviguant entre les logements en fuyant les flaques de lumière qui inondaient le sol, à proximité des ouvertures. Parfois, cependant, elle se forçait à réapparaître au centre des petites rues afin de ne pas attirer les soupçons. Alors, elle se paraît de son plus beau sourire, dévoilant ses dents blanches tandis qu’elle saluait de la main le villageois qui passait par là.
Elle était bonne comédienne. Heureusement.

Ses pas la guidèrent hors de la ville. Elle apprécia sentir le sable encore tiède infiltrer ses sandales pour venir caresser la plante de ses pieds. Une légère brise souffla. Lentement, l’elyakie rabattit sa cape sur sa tête et remonta son foulard jusqu’au dessous de ses yeux de jais, camouflant son visage. Là, elle passerait inaperçue.
Les lumières de la ville s’éloignèrent derrière elle alors qu’elle reprit sa route. Et bientôt, elle fut engloutie par les ténèbres du désert, ses sens pour unique boussole.

Fort heureusement, elle connaissait les alentours d’Alënor comme sa poche, et elle savait où elle allait. À dire vrai, l’obscurité faciliterait sa tâche, ainsi, elle n’était pas inquiète.
La lueur qu’elle aperçut bientôt lui indiqua qu’elle ne s’était pas trompée. Il lui avait fallu remuer ciel et terre pour trouver en toute discrétion l’emplacement des esclaves cette nuit. En effet, cela faisait quelques semaines qu’elle avait été dans l’impossibilité de leur rendre visite. Il n’était donc guère étonnant que les esclaves aient été changé de place durant ce laps de temps.

Mais finalement, voilà qu’elle arrivait à destination : la lumière et les rires gras émanant de ce qui semblait être une sorte de tente confirmèrent son analyse.
La jeune fille s’approcha à pas de velours, silencieuse comme une ombre. Elle n’était plus très loin, si bien qu’elle pouvait d’ores et déjà apercevoir les contours de la carrière quelques mètres derrière le repaire des gardes. Pourtant, elle stoppa net son avancée à l’entente d’une voix rauque et joviale, qui s’élevait de nouveau de la tente :

« AH- Ah – aHAh ! » Elle leva les yeux au ciel, blasée : un rire à peine exagéré. « Allez, j’me casse.   Y’a une minette qui m’attend à la maison et, c’pas qu’j’ai mal mangé, mais j’ai encore faim c’tu vois c’que j’veux dire. » et pour toute réponse, ce qui semblait être un autre homme éclata d’un rire gras, écœurant.

Décidément, ces deux là respiraient la classe. Mais le bruissement de la toile ne laissa pas le temps à Yuräh de s’appesantir sur le sujet. Elle se précipita au sol, se couchant dans le sable pour ne pas que la découpe de sa silhouette ne la trahisse.
C’est après avoir échangé encore quelques mots sur le seuil de la tente, sur une conversation digne des plus grands beaufs, que les deux se quittèrent, l’un regagnant la tente, l’autre se dirigeant vraisemblablement vers son chez soi.

L’elyakie, quant à elle, garda la position : un garde seul est plus attentif que deux occupés à boire et manger. Mais au bout d’une heure, elle sut que le moment était venu : les ronflements du garde se mirent à résonner dans le silence de la nuit...


Ahzek Bellis
JE SUIS SANS GUILDE FIXE
Vous voilà prêt à rejoindre une guilde !
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Ahzek Bellis

MessageSujet: Re: Brouillard et poussière [Azhek]   Brouillard et poussière [Azhek] EmptyMer 16 Nov - 9:23

Ledal était morte la veille. Ou peut-être le matin. Elle avait été obligée de travailler toute la journée, servi la nourriture le soir, avait reçu ses coups de fouet occasionnels de la part des contremaîtres et elle était morte. Une énième vie perdue, sans laisser le moindre impact, Ledal serait oubliée sous peu.
Du moins ça aurait été le cas si elle était morte de manière "classique", l'épuisement, la chaleur, la maladie ou la malnutrition. Non. Ledal était morte de dysenterie. L'odeur atroce faisait rire les contremaîtres qui avaient rationné l'eau, condamnant la jeune femme. Vingt-deux ans, condamnée à six ans d'esclavage pour un délit mineur, morte au bout de huit mois à cause d'une nourriture contaminée.
Ledal avait terminé sa courte et pathétique vie dans cette carrière, empestant l'atmosphère, et son cadavre avait été envoyé dans le désert où des duerrs et autres charognards s'en repaîtraient.
Ahzek avait rêvé qu'il était un écorchair, pour déchiqueter la chair du garde qui, lorsque la jeune fille lui avait supplié de l'eau, avait vidé une carafe sur le sable sous ses yeux. Ce n'était, disait Ahzek, que « la cruauté ordinaire, l'horreur banalisée. Ils oublient qu'ils font face à des hommes et des femmes parce que nous nous inclinons comme des insectes. Tous les enfants ont déjà arraché les ailes d'un insecte, ce n'est que l'évolution logique de cette mentalité. »

Les esclaves devaient perdre leurs illusions. Ils devaient ouvrir les yeux. Ils pouvaient tous subir le même sort que Ledal, et quelle importance cela pourrait avoir ? S'ils considéraient que leurs vies ne valaient rien, pourquoi quelqu'un d'autre leur donnerait une quelconque valeur ? Si les lois valaient tout, c'est que la vie ne valait rien.
Tout ce discours, il l'avait tenu et répété à Kosin, quinze ans, envoyée à la carrière après avoir accidentellement crevé l’œil de son beau-père suite à une dispute. Il avait ouvert sa chaîne et la sienne durant la nuit. S'évader était inutile, ils seraient trop vites retrouvés et exécutés tandis que d'autres esclaves choisis aléatoirement seraient punis. Mais les escapades nocturnes permettant de profiter du vent frais du désert lui rappelaient qu'il restait un monde dehors. Elle était retournée se coucher. Ahzek, lui, ne se sentait pas l'envie de dormir.

Allongé sur une grosse pierre, son collier autour du cou, Ahzek regardait le ciel et essayait de rêver au jour où il abreuverait les rues d'Alënor et d'Hydras de sang. Il n'arrivait qu'à essayer de bloquer l'odeur qu'avait laissée Ledal en mourant. Et il entendit quelque chose.
C'était l'heure où tous les gardes étaient soit soûls soient endormis mais... L'un des nouveaux gardes avaient sûrement été réellement vigilant. Un petit acte de défiance, un seul, ne lui coûterait que quelques coups de fouet... Son dos et son visage ne ressemblaient déjà plus à grand chose de toutes façons.
« Belle nuit, non ? »

 
Brouillard et poussière [Azhek]
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